top of page
  • Photo du rédacteurle Bookinist

Le Livre des Baltimore - Joël Dicker

Dernière mise à jour : 4 janv. 2022


Il s’est fait attendre – le nouveau roman du jeune prodige best-sellerisé – avec même une pointe d’appréhension devant les premières critiques, qui ont parfois évoqué un « sous Harry Québert ». Eh bien, lecteurs, défiez-vous des critiques faciles qui ont toujours tendance à voir le succès comme une mauvaise chose. On oserait même dire que Le Livre des Baltimore est plus mûr, plus abouti que le précédent.


L’auteur sait raconter des histoires, c’est désormais son ADN d’écrivain. Il revient ici avec sa saga américaine et Marcus Goldman, héros emblématique de l’Affaire Harry Québert. Mais cette fois, exit le meurtre et l’enquête policière, on part fouiller la genèse et les secrets de la famille Goldman, qui ont conduit au fameux Drame qui semble hanter Marcus.


"Patience est mère de vertu"


Mais n’allons pas trop vite, puisqu’il vous faudra attendre les cinquante dernières pages du roman pour que le voile soit levé sur ce fameux "Mystère". Avant cela, un peu de généalogie. Chez les Goldman, il existe une mythologie familiale qui les sépare en deux branches : les Goldman de Baltimore et les Goldman de Montclair, New-Jersey (les parents de Marcus). Ce qui n’était au départ qu’une division géographique et utilitaire s'est transformé au fil des années en classement sociologique, où le clan des Baltimore écrase systématiquement de sa supériorité celui des Montclair :


« Mes grands-parents avaient fini par associer dans leurs intonations les sentiments privilégiés qu’ils éprouvaient pour la tribu des Baltimore : au sortir de leur bouche, le mot "Baltimore" semblait avoir été coulé dans l’or, tandis que "Montclair" était dessiné avec du jus de limaces. […] En toutes circonstances, Baltimore était la capitale du beau, Montclair celle du "peut-mieux-faire". »


Le jeune Marcus n'est pas très heureux du hasard génétique qui l'a fait échoir dans le clan des Montclair. Son oncle Saul, sa tante Anita et ses deux cousins sont à ses yeux la quintessence d'une famille formidable : il se rêve en Goldman de Baltimore. Profitant de la moindre occasion pour fuir le pavillon parental de Montclair, il trouve dans le "Gang des Goldman", trio qu'il forme avec ses cousins adorés, quelque chose qui touche au paradis de l'enfance.


Avec ce roman à tiroirs, l'auteur réussit une nouvelle fois à faire du lecteur un copilote enthousiaste : vous voilà embarqués sur les routes de la côte Est, à tourner les pages fébrilement pour tout savoir sur la saga des Baltimore. Et puis la fébrilité fait place à l'appréhension : l'ombre du malheur commence à s'étendre sur la féerie familiale.


Au-delà de l'intrigue, il y a dans ce roman des réflexions intelligentes sur la transmission familiale, la fragilité du bonheur et le poids de la jalousie. Joël Dicker sait peindre des personnages qui nous ressemblent. Et comme il n'est pas fainéant (n'allez pas lui dire qu'écrivain n'est pas un métier à plein temps, c'est un peu son cheval de bataille), il a travaillé dur pour nous offrir ces cinq cents et quelques merveilleuses pages de lecture.


5 vues0 commentaire
bottom of page