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Le Grand Monde - Pierre Lemaitre


Feuilletoniste inimitable, Dumas des temps modernes, Pierre Lemaitre plonge avec Le Grand Monde au cœur des années d’après-guerre. De Beyrouth à Saïgon, de l’administration française crapuleuse aux faits divers qui secouent la presse parisienne, le roman distille une galerie de caractères dignes d'Au Revoir là haut (prix Goncourt 2013).


1948. La famille Pelletier s’est créé une place à part dans la bourgeoisie française de Beyrouth. En une génération, l’entreprise de savonnerie de Louis, le patriarche, a garanti l’indépendance financière de ses enfants sans pour autant assurer leur réussite. Bouboule, l’aîné de la fratrie, voit sa carrière dans l’entreprise familiale échouer aussi lamentablement que son mariage avec une opportuniste aigrie. François fait financer ses débuts dans le journalisme parisien sous couvert d’une fausse inscription à l’École Normale Supérieure tandis qu’Hélène, la plus jeune, rêve de quitter le microcosme beyrouthin qui l’étouffe.


Et puis vient Étienne, le frère et personnage central du roman qui s’envole pour Saigon retrouver son amant, soldat belge enrôlé dans l’armée française en lutte contre le Viet-Minh. Mais lorsqu’Étienne arrive en Indochine, Raymond a disparu. Ses investigations se heurtent au mutisme des militaires en poste et de l’administration coloniale. Son travail à l’Agence Française des Monnaies va peu à peu lui faire découvrir un trafic financier qui dépasse largement la communauté d’expats saïgonnais. Remontant le fil des transferts de piastres, la monnaie locale convertie en francs sous des prétextes louches d’importation, Étienne se mouille dans une affaire redoutable.


À Paris, les trois autres frères et sœurs découvrent les désillusions d’une France d’après-guerre où le rationnement est encore en vigueur mais qui s’éveille doucement à l’aube des Trente Glorieuses. Presse à scandales, mouvements syndicaux et petits trafics rythment cette autre partie du roman, incarnée par des personnages parfois truculents, souvent tendres, définitivement attachants.


Avec Le Grand Monde, Pierre Lemaitre signe le premier volet d’une trilogie qui saisit l’Histoire à bras le corps, restitue avec force le chaos de Saigon et les luttes intestines de l’Indochine, s’accoude sur les zincs d’un Paris de bistrotiers, de faits divers et de comptoirs textile. Un monde vrai, dans ses grandeurs comme ses bassesses. À lire sans plus tarder.

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