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Baronne Blixen - Dominique de Saint Pern


On connaît le film Out of Africa, moins le livre qui se cache derrière, La ferme africaine, et encore moins l'auteur, déguisée sous le pseudo d'Isak Dinesen, la Baronne Karen Blixen. Karen Blixen est pourtant un personnage fascinant. Guérissons cette lacune : le récit prend vie à Copenhague en 1983 avec un témoin privilégié, Clara Selborn, secrétaire et en quelque sorte dame de compagnie de Karen Blixen durant la seconde partie de sa vie. La baronne est morte il y a vingt ans et l'oubli rôde dangereusement autour de son oeuvre.


Jusqu'à ce qu'Hollywood s'en mêle et décide de porter à l'écran son roman à succès, La Ferme africaine. Meryl Streep, Robert Redford à l'affiche, et la productrice qui supplie la vieille secrétaire de se rendre expressément à Nairobi sur les lieux du tournage. La jeune miss Streep éprouve quelques difficultés à rentrer dans la peau de son personnage, et pour cause, Karen est une femme énigmatique. Clara va donc tenter de raconter cette femme aux mille visages et lui donner ainsi une ultime résurrection. "J'ai réuni assez de confidences, assez fouillé dans l'amoncellement de leurres et d'omissions dont Karen jouait en virtuose. Ce film est son ultime chance de toucher un grand public, car là-bas, en Amérique, en Angleterre, en France, l'amnésie littéraire a commencé son travail. Ne dit-on pas que l'âme des morts survit aussi longtemps qu'un être est capable de prononcer leur nom?" Avec Karen, vous chasserez le lion en écoutant Mozart sur un gramophone, vous boirez du champagne dans des verres de cristal au milieu de la brousse, mènerez des expéditions en territoire massai, volerez au dessus du N'gong dans les tout premiers avions, imaginerez le début des safaris. Vous vivrez également la maladie, la honte qui porte le nom de syphilis, cadeau de noces de son époux volage dont elle souffrira jusqu'au dernier souffle. Et puis la faillite de la plantation de café, la mort de son grand amour, Denys Finch Hatton, aristocrate anglais et premier fusil d'Afrique, lettré, fin, sans attaches, l'incarnation de l'homme libre. Jusqu'à la condamnation, la ruine : le retour au Danemark, où elle changera de visage pour devenir Isak Dinesen, l'écrivain, la conteuse des mille et une nuits d'Afrique.


Dominique de Saint Pern met également en lumière la seconde partie de sa vie au Danemark, plus sombre et moins connue du grand public. On est loin de la joyeuse Tania d'Afrique, Karen vit désormais dans sa propriété de Rungstedlund où elle martyrise sa secrétaire, Clara, lui faisant endosser tour à tour les tabliers de cuisinière, domestique et dactylo. Aussi séductrice que manipulatrice, elle s'entiche d'un jeune poète de trente ans son cadet qu'elle enferme chez elle sous prétexte de faire éclore son génie artistique, et se révèle un brin démoniaque. Mais cela n'empêche pas de faire croître la fascination qu'on éprouve pour cette femme en refermant le livre. Cela doit s'appeler l'envoûtement Blixen, auquel n'a certainement pas échappé sa biographe.

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