top of page
  • Photo du rédacteurle Bookinist

En attendant Bojangles - Olivier Bourdeaut


Souvent, le dernier roman buzz est une déception : souvenez-vous de l'hystérie provoquée par le Fakir dans son armoire Ikéa - beaucoup trop de bruit pour rien. Mais cette fois, la pépite qui émeut la saison littéraire n'a rien de creux.

Un roman fantasque On dit que la routine tue le couple : mais quand on est élevé par des parents un peu givrés qui changent de prénoms tous les jours, chassent les huissiers du FISC à coups de parapluie et laissent déambuler un grand oiseau exotique dans leur appartement, ça vous donne une certaine idée de l'amour. C'est ainsi que l'enfant devenu adulte se souvient de ses parents, un couple magnifique sur lequel la réalité n'avait aucune prise, dansant sur "Mr Bojangles" de Nina Simone, pratiquant la "gym-tonic", oubliant de l'envoyer à l'école lorsque la fête s'achevait au petit matin. "Maman était fâchée avec les horloges, alors parfois je rentrais de l'école pour goûter et il y avait du gigot et d'autres fois il fallait attendre le milieu de la nuit pour commencer à dîner. Alors nous patientions en dansant et en avalant des olives." Mais il n'y a pas que l'enfant dans ce récit extraordinaire : il y a aussi le père, amoureux fou, dans l'alternance des voix, qui se laisse happer par la folie de sa femme tout en essayant de garder un oeil sur la réalité pour son jeune fils. "Pour elle, le réel n'existait pas. J'avais rencontré une Don Quichotte en jupe et en bottes, qui, chaque matin, sautait sur son canasson, frénétiquement lui tapait les flancs, pour partir au galop à l'assaut de ses lointains moulins quotidiens. Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des milliers d'horizons, mon rôle consistait à faire suivre l'intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et de ne se préoccuper de rien." Jusqu'au jour où la réalité vient heurter de plein fouet cette existence fantasque : voyant sa femme internée après avoir mis le feu à leur appartement, il va offrir à sa famille une dernière valse, l'ultime grande illusion de leur vie. Ils organisent un kidnapping rocambolesque et reprennent la route de leur château en Espagne. On ne peut pas vous en dire beaucoup plus, mais une chose est sûre, vous allez rire, rêver et puis pleurer, aussi. Car les plus belles histoires finissent souvent mal. En attendant Bojangles est un poème loufoque qui transforme le quotidien en parenthèse enchantée.

15 vues0 commentaire

Comments


bottom of page